La moisson, qui a démarré cette année encore plus tôt, arrive à son terme. Au silo du leader régional Ternoveo, où collaborent une centaine d’agriculteurs de la Pévèle-Carembault et du Mélantois, la récolte est exceptionnelle. Et le blé, dont le cours flambe et atteint des records, est de meilleure qualité.

« Rassurés »
Les agriculteurs en Pévèle Carembaultont terminé la moisson. Les céréaliers sont « rassurés », « leur récolte est rentrée ». Et ils bénéficient, cette année, « de rendements exceptionnels ». De 10 % supérieurs, selon les spécialistes : « On va friser les 11 000 tonnes de blé réceptionnées. » Pour cela, ils avancent deux explications : « D’abord, on a un secteur géologique favorable, avec un sol argilo-limoneux. Et, étonnamment, on a un microclimat particulier ici : ce n’est pas un hasard si, à l’origine, le bassin des maisons de semence était basé du côté d’Orchies. »
Ensuite, la météo a été favorable aux céréaliers : « On était fort inquiets en avril, jusqu’à la mi-mai : il faisait trop chaud et trop sec. Mais au final, on a eu de la pluie lors de la formation du grain. Dans les Hauts-de-France, on a été moins impacté par la sécheresse. »
Meilleure qualité
Le rendement est au rendez-vous, comme la qualité du produit (en termes d’humidité, de poids spécifique, et de protéine) : « C’est incomparable par rapport à l’an dernier qui était catastrophique (trop de pluie). On est aujourd’hui sur une moyenne supérieure. » Et si les agriculteurs bénéficient d’un cours du blé inédit (320 € la tonne), avec une forte variation à la hausse, le soleil n’est pas au beau fixe : « Certes, ce revenu plus important pour les cultivateurs compensera la hausse des charges, des intrants (engrais, phytosanitaires) qui vont continuer à augmenter. Mais on a tous conscience qu’un blé à ce prix-là peut rendre difficile la commercialisation. La France étant notamment exportatrice pour le bassin méditerranéen. »
Autre sujet d’inquiétude pour ces agriculteurs qui sont, pour la plupart, en polyculture : « La sécheresse pèse sur le maïs, les betteraves, les pommes de terre et les endives… La récolte de blé ne compense pas forcément les autres. »

«La moisson n’a jamais démarré aussi tôt»
André Hespel, 60 ans, est rattaché au site fretinois de Ternoveo. Fils d’agriculteur (son père, décédé l’an dernier, était le centenaire d’Avelin), il gère depuis des décennies l’exploitation familiale de polyculture de 90 hectares. Et pour la première fois de sa vie, il est monté dans sa moissonneuse un 12 juillet : « La moisson n’a jamais démarré aussi tôt. Toutes les variétés seront récoltées fin juillet. Là aussi, c’est une grande première ! Heureusement, la récolte est bonne. » 500 tonnes de blé en 7 jours. Contre « 92 l’an dernier. »
Dans sa cabine (sans clim), « je peux vous dire que j’ai eu très chaud », il s’est souvenu de ce que lui répétait son père : « Ce n’est pas normal qu’il fasse plus de 30 degrés dans notre région. Le réchauffement climatique est indéniable. On passe notre temps à scruter le ciel, ce n’est pas normal. Si on manque d’eau, on ne pourra pas honorer nos autres contrats : on s’engage sur un niveau de tonnage. »
L’irrigation serait une solution, mais « c’est trop coûteux. Il faudrait se regrouper pour les forages mais on a tous des morcellements trop importants. »
Seul levier possible : choisir des variétés plus résistantes : « La génétique doit s’adapter à l’environnement. Moi, je suis à la fin de ma carrière, ça ira. Je m’inquiète pour mon fils qui reprendra l’exploitation. » Tout en ayant conscience « qu’on a néanmoins de la chance d’être en France. On a la garantie alimentaire. Certains disent qu’on vend cher, mais on a des contrôles poussés, et une traçabilité importante. »
(Source VdN)